Sans lui, pas de diamant noir ! Le chêne truffier est l’élément central de la truffière. Quelle est son histoire ? Comment produit-il des truffes ? Quelles sont ses conditions de culture ? On vous répond.
Le chêne truffier, l’arbre au diamant noir
L’arbre maudit du Moyen Âge
Le chêne truffier n’a pas toujours été convoité. Au Moyen Âge, la truffe, champignon noir rare et énigmatique, était entourée de superstitions, certains lui prêtant des pouvoirs maléfiques. On croyait qu’elle était empoisonnée, car les herbes mouraient autour d’elle. En réalité, la truffe libère un herbicide naturel dans le sol, créant ce cercle de végétation éteinte appelé aujourd’hui le “brûlé”.
Ce phénomène, surnommé « Le rond des Sorcières », tire son nom d’une légende selon laquelle les sorcières se rassemblaient au coucher du soleil pour danser autour des chênes. Le matin, on pouvait trouver sous-terre des truffes dans ces cercles d’herbes mortes. Les truffes, considérées comme toxiques, ont ainsi longtemps étaient déconseillées par le clergé.
Le mets des tables bourgeoises
La truffe fait sa première apparition en France au 15ᵉ siècle, à la table de François 1ᵉʳ. À cette époque, les ducs de Bourgogne vont jusqu’à se faire payer en truffes, et ce précieux champignon commence à être apprécié dans les plus hautes sphères, y compris chez les Papes d’Avignon. Le chêne truffier retrouve enfin des lettres de noblesse !
Jean Anthelme Brillat-Savarin, célèbre homme de loi, mais aussi fin gastronome et épicurien, lui rend hommage dans son ouvrage « Physiologie du goût », publié en 1825. C’est lui qui, à travers la fameuse citation « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es », élève la truffe noire au rang de « diamant noir ».
La relation symbiotique entre le chêne et la truffe noire
La magie de la mycorhization
Pour produire des truffes, le chêne truffier a besoin d’entrer en relation avec le champignon truffier. C’est ce que l’on appelle la mycorhization : l’association entre les racines du chêne et des souches de champignons (appelées le mycélium de la truffe) sélectionnées en amont.
Orchestrée par des pépiniéristes, cette alliance génère une symbiose (la mycorhize) entre l’arbre et les champignons comestibles. Elle permet d’assurer la croissance de truffes sur les racines de l’arbre, avec de biens meilleures performances que des plants forestiers traditionnels.
Des avantages pour l’arbre et le champignon
Avec la mycorhize, la racine du chêne truffier bénéficie d’éléments nutritifs offerts par la présence des spores (azote, phosphore, etc.). Le champignon aide l’arbre à mieux capter l’eau et les minéraux du sol, et il se nourrit des sucres issus de la photosynthèse du chêne.
Outre ces échanges nutritifs, la symbiose offre au chêne truffier une protection renforcée contre la pollution éventuelle du sol, sans recourir à des engrais chimiques. Un bon moyen de favoriser la biodiversité, tout en limitant les coûts financiers et environnementaux des traitements.
Les conditions de culture du chêne truffier
Le choix du sol et du climat
Cultiver la truffe nécessite une situation géographique spécifique, avec un sol calcaire, bien drainé et riche en matière organique. Pour la cueillette de truffes noires du Périgord (Tuber melanosporum), le chêne truffier doit bénéficier d’une orientation sud, sud-est ou sud-ouest, car l’ensoleillement doit être maximum.
L’arbre comme la truffe ont besoin d’un climat tempéré. Les régions dans lesquelles la pluviométrie, la température et l’ensoleillement sont justement répartis sont idéales, avec une juste alternance des saisons.
Les soins apportés à la truffière
Les chênes truffiers ne sont pas des chênes comme les autres. S’ils commencent en règle générale à produire des truffes 5 à 8 ans après leur plantation, ils doivent bénéficier d’un entretien spécifique tout au long de leur cycle de vie :
- Travail du sol : la parcelle se travaille en plein, en effectuant un labour à 30 cm minimum de profondeur suivi d’un hersage.
- Taille : le tronc du chêne doit être taillé sur 50 à 70 cm maximum pour assurer un bon ensoleillement correct et une stimulation des racines.
- Entretien de la truffière : entre chaque récolte, le binage et le désherbage sont essentiels, 2 à 3 fois par printemps et été pour éviter que les jeunes plants ne soient envahis par les mauvaises herbes.
- Irrigation : un apport de 15 à 20 litres par plant assure la bonne reprise des plants truffiers. Du fait du climat doux et pluvieux de la Touraine, nous ne prévoyons pas d’irrigation à ce stade.
Le rôle du chêne dans la qualité des truffes
Si le chêne blanc et le chêne vert sont reconnus dans l’univers de la trufficulture, d’autres essences sont plébiscités par les trufficulteurs : chênes pubescents, chênes cerris, chênes faginés, chênes kermes, chêne chevelus… Pour des truffes de qualité supérieure, il est conseillé de privilégier des essences d’arbres naturellement présentes dans la région.
Autre critère : choisir des plants élevés dans un godet de grand volume, pour optimiser la reprise des arbres et leur développement. La mycorhization des jeunes chênes doit être produite selon des méthodes rigoureuses et bénéficier d’une certification.
La production en doublon et son influence sur la production
Pour optimiser les performances d’une truffière, il est possible de réaliser une plantation en doublon. C’est le choix que nous avons fait à la Truffe du Roy, épaulés par la pépinière Wollner. Il s’agit de planter, à 20 cm l’un de l’autre, deux arbres à feuillages différents (caduc et persistant). Cette plantation en double permet une entrée en production en moyenne deux ans plus tôt. De plus, chaque emplacement produit davantage avec une période de production plus étalée dans l’hiver.
La croissance plus lente des arbres plantés ensemble donne moins de travail de taille sur les arbres. L’idée n’est pas de planter deux fois plus de plants, mais de diminuer la surface de plantation avec le même nombre. Résultat : une économie en achat de terrain, de clôture, de paillage, d’irrigation… et la garantie d’un cavage réussi !
Vous souhaitez entrer dans l’univers d’exception de la truffe ? Adoptez des chênes de notre plantation !